Qui êtes-vous ?

Le Comité mobilisation Verdun est composé de travailleurs critiques du secteur de la santé qui désirent s'impliquer politiquement. Nous croyons que seule une véritable solidarité peut freiner la dégradation de nos conditions. Notre comité s'adresse à tous -préposés, auxiliaires, infirmières, secrétaires médicales, inhalothérapeutes,technciens de laboratoire, ambulanciers, entretien ménager, etc- peu importe quel syndicat les représente. Notre objectif n'est pas de former un syndicat. Vous pouvez nous contacter à mobilisationverdun@gmail.com

lundi 15 novembre 2010

Sur l'entente de principe de la FIQ

Ce que les dernières négociations nous ont appris, mis à part que le syndicalisme a perdu toute combativité, c'est qu'il n'y a plus aucune solidarité syndicale. Le front commun, c'était chacun pour soi.

La FIQ a conclu une entente qui sera acceptée massivement. Sa stratégie est claire désormais. Dès le départ, la FIQ avait accepté de faire partie du front commun à la seule condition qu'aucun autre syndicat ne se mêlerait de ses négos sectorielles. Elle a accepté les offres médiocres de la table centrale pour ensuite aller chercher des augmentations déguisées dans ses négos sectorielles. J'ai vu Madame Laurent, présidente de la FIQ, avoir une conversation assez corsée avec une représentante locale CSN à ce sujet. La FIQ savait aussi que les infirmières, avec l'appui de la population, ont un vrai rapport de force, rapport de force qu'elle a gardé pour elle-même.

D'un autre côté, une fois les ententes réglées à la hâte, les autres syndicats du front commun se sont totalement détournés de la FIQ. La CSN s'est mise à s'activer pour les lockoutés du journal de Montréal, mais rien pour la FIQ.

Il n'y aucune solidarité intersyndicale dans les milieux de travail. Pire, les syndicats souscrivent à l'idée qu'un préposé ne peut pas comprendre le travail d'une infirmière et vice versa, alors que la surcharge pèse sur tout le monde et que seul le travail d'équipe permet de s'en sortir. C'est exactement ce que l'État veut.

Cependant, la disparité des gains est d'abord attribuable à l'absence de combativité des syndicats lors des négociations nationales. Des articles publiés cette semaine sur les finances du Québec nous apprennent que le ministre Bachand était prêt à concéder lors des négos des augmentations salariales de 2% par année aux employés de l'État, alors que ces derniers ont accepté beaucoup moins* (0.5% la première année et une augmentation graduelle jusqu'à 2% la dernière année de la convention collective). Un surplus inattendu de 1.4 milliards est donc apparu dans le récent budget du gouvernement grâce aux ''concessions'' des travailleurs de l'État, dont les syndicats prônent le sacrifice en temps de crise et un sacrifice visiblement plus grand que ce qu'aurait osé demander le ministre des finances.

Un tel front commun, au sein duquel certains travailleurs s'en sortent avec plus, et d'autres moins, ne peut qu'accroître les divisions, ainsi que le cynisme envers la lutte et les syndicats.

*http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/archives/2010/11/20101111-214234.html

écrit par Ariane Bouchard, infirmière

Réponse des exécutifs locaux CSN et FIQ du CSSS Sud-Ouest Verdun

Sur les babillards syndicaux de la FIQ de l'hôpital de Verdun, on trouvait il y a quelques temps ce bref message signé du comité de communication:

«Le syndicat des professionnelles de la santé du Sud-Ouest Verdun informe ses membres qu'il ne s'associe pas au mouvement ''mobilisation Verdun'', mouvement qui n'est pas reconnu dans l'unité d'accréditation.»

Le journal destiné aux membres CSN du CSSS Sud-Ouest Verdun est paru dernièrement et traite plus longuement du comité de mobilisation Verdun. Vous pouvez vous procurer ce journal au bureau de l'exécutif. Il se trouve parfois aussi dans les cuisinettes des unités.
Voici le texte:

ATTENTION AU COMITÉ MOBILISATION VERDUN

«Depuis le printemps dernier, un groupe de pression et d’information s’est mis en place et porte le nom de ‘Comité de mobilisation Verdun’ (CMV) et agit principalement à l’Hôpital de Verdun. La première action du CMV fut la distribution d’un tract appelant les travailleurs de CSSS à prendre conscience que les offres déposées à l’époque par le gouvernement libéral de Jean Charest étaient inacceptables et constituaient sur tous les fronts des reculs, informations qui avaient déjà été véhiculées par le comité d’information du syndicat CSN du CSSS Sud-Ouest Verdun. Puis le CMV à lancé un appel à un rassemblement des travailleurs de l’Hôpital de Verdun pour discuter des problèmes à l’interne et des moyens de pression à prendre pour rétablir les choses, alors que légalement seul le syndicat CSN peut faire ce genre de rassemblement à l’intérieur du CSSS et encore plus proposer des moyens de pression. Puis cet automne le CMV est revenu à la charge en sortant un tract proposant de rejeter les dernières offres patronales, offres qui ont été acceptées par les travailleurs CSN du CSSS Sud-Ouest Verdun. De plus le CMV ne s’est pas gêné pour prêter des intentions à l’Exécutif et de déformer les propos tenus par des membres de l’Exécutif, semant ainsi la confusion parmi les travailleurs.

Il est important de rétablir les faits suivants : selon les lois du travail, seul le syndicat CSN représente les travailleurs et il est le seul interlocuteur que l’Employeur écoutera. De plus seuls les moyens de pression décidés par le syndicat CSN sont légaux et offrent une certaine immunité aux employés. Bien sur la structure du syndicat n’est pas parfaite, elle peut parfois démontrer une certaine lourdeur et une certaine lenteur dans l’action mais nous devons travailler dans les limites qui nous sont imposées par notre employeur qui est en bout de ligne le gouvernement du Québec et qui fait justement les lois. Il est clair que l’Exécutif est ouvert aux discussions et aux points de vue qui lui sont directement proposés et qu’il se doit d’agir afin de protéger les travailleurs d’informations déformées ou mensongères. De plus, l’Exécutif offre une transparence qui fait grandement défaut au CMV; en effet, nulle part sur le site Internet les membres du CMV disent clairement qui ils sont. Quoi de plus facile alors de dire n’importe quoi alors que l’imputabilité est ainsi éliminée de tout contexte ? Donc assurez-vous de toujours valider les informations concernant votre travail auprès des délégués ou des membres de l’Exécutif.»

mardi 2 novembre 2010

De la séparation entre le travailleur et son syndicat


Texte distribué le 2 novembre aux représentants de la FIQ réunis en congrès. Un huis clos empêchait les travailleuses cotisantes à la FIQ d'assister au congrès car leur présence aurait pu nuire à la sécurité des informations transmises de la FIQ à ses délégués. Notre texte s'adresse aux représentants de cette centrale, mais nous considérons que la critique qu'il exprime est également valable pour les autres centrales du secteur de la santé, surtout en ce qui a trait à l'état du syndicalisme local.


Nous espérons qu'après avoir tant juré de leur détermination à lutter jusqu'où bout, les négociateurs de la FIQ ne se préparent pas à faire avaler aux délégués réunis en congrès aujourd'hui une entente à rabais sous le couvert de la crise économique et de la difficulté à mobiliser les membres. La démobilisation n'est pas une fatalité mais le résultat de pratiques syndicales bureaucratiques en rupture avec la base. Tout le monde sait que le syndicalisme local est dans un état lamentable. Dans ces circonstances, la FIQ a beau se donner des allures de guerrière, le gouvernement, lui, sait très bien que c'est du vent. Et du fait que la FIQ néglige le potentiel d'une lutte soutenue par une réelle mobilisation et consultation des travailleuses de la base en assemblée, elle n'a aucun rapport de force.

« TOUT EST SUR LE BABILLARD»

Les critiques que nous ferons à propos du syndicalisme local ne sont ni nouvelles, ni originales. Elles sont archiconnues, ce qui rend d'autant plus grave le fait de tolérer la situation. Ces critiques sont d'ordinaire attribuées au tempérament chialeux des syndiquées, alors qu'elles expriment en fait la vérité au sujet de l'état léthargique du syndicalisme local. Le déni des syndicalistes n'y peut rien : les travailleuses n'ont plus confiance en leurs représentants, à un point tel que quand certains exécutifs d'un autre syndicat du front commun ont proposé à leurs membres de refuser l'entente, ces derniers l'ont acceptée malgré un haut niveau de frustration face à leurs conditions! Pourquoi? Parce que les syndiquées en apprennent plus à la télé qu'au travail sur les négociations, parce qu'ils sont blasés, parce que la dernière grève et le décret les ont laissés amers, parce que les représentants n'assurent aucune présence sur le terrain. Quand, par chance, on trouve un représentant, on découvre vite qu'il peine à répondre à des questions simples ou à offrir une aide valable. Quelle misère! La perte de confiance des membres à la fois dans leur syndicat et dans leur propre pouvoir d'agir mène à leur démobilisation, ce à quoi les syndicats locaux répondent par le défaitisme : acceptation de quorums de plus en plus ridicules, abandon du travail de terrain sous prétexte que les travailleurs ne sont pas mobilisables, aucune confiance dans le potentiel de la base, manque total de combativité face au patronat.

La conséquence de cette absence de vie syndicale est que les salariées doivent endurer des conditions de travail intolérables - temps supplémentaire obligatoire, temps supplémentaire sous pression, manque de respect de la part des gestionnaires, épuisement professionnel, etc. - sans même avoir la possibilité de s'organiser pour les dénoncer et les combattre. Et que ce soit clair : ces problèmes seront encore là demain, entente ou pas avec le gouvernement.

Il est plus que temps de sortir du cycle sans fin de démobilisation où syndicalistes et syndiquées ne font que s'accuser entre eux.


ON NE PAIE PAS DES COTISATIONS POUR QUE D'AUTRES PENSENT À NOTRE PLACE

Le syndicalisme actuel nuit objectivement à l'émancipation politique du travailleur. Prenons comme exemple les négociations en cours. Le plan des moyens de pression a été unilatéralement établi par la centrale FIQ et transmis aux membres qui eux, lorsqu'ils faisaient des propositions ou des critiques en assemblée, pouvaient être assurés que la centrale n'en apprendrait rien. Il s'agit d'une négation totale de l'originalité des travailleuses, de leur expertise sur leur propre milieu et de la nécessité de leur implication dans toute décision qui les concerne. À mesure que les exécutifs se séparent des membres en imposant des plans qui viennent du haut, les membres sont entretenus dans l'ignorance. On rompt l'éducation politique au sein du syndicat. Les représentants finissent par s'approprier la direction de la machine sans qu'il y ait de médiation avec la base. À la connaissance dynamique que le travailleur a de son milieu, on préfère se référer à une supposée expertise militante des représentants syndicaux payés qui s'occupent dans leurs bureaux de gérer l'aspect politique de ce qui se passe sur le plancher. Il y a une fracture entre la base et ses représentants. La tension est palpable.

La réussite du syndicalisme passe par l'instauration d'une vie politique démocratique en milieu de travail, ce qui veut dire faire circuler de l'information, organiser des discussions et débats, utiliser les lieux de rencontres offerts aux employés pour discuter de leurs conditions et des problèmes en milieu de travail. Et surtout, il est impératif de rétablir une véritable démocratie dans les assemblées syndicales, ce qui signifie que les travailleurs ne se présentent pas pour donner leur aval à des propositions venus exclusivement de l'exécutif, mais pour débattre de leurs propres propositions et s'impliquer dans leur application. Sans cette perspective, le syndicalisme est voué à l'échec.

COMMENT SCRAPER UN RAPPORT DE FORCE

La FIQ n'a absolument pas su utiliser le potentiel des travailleuses mobilisées et l'appui de la population qui auraient du lui permettre d'oser une escalade des moyens de pression. Elle a plutôt choisi de se cantonner aux actions les moins perturbatrices possibles, comme l'exige le partenariat avec l'État, tout en se pavanant partout sur la place publique. Si l'opération visibilité a été un succès, on repassera pour l'efficacité.

De prime abord, le mercredi noir aurait du être considéré comme une sorte de test afin de vérifier si les syndiquées étaient prêtes à lutter. Il ne s'agissait pas d'un moyen de pression, mais d'un moyen de solidarité et beaucoup de syndiquées s'entendent sur ce point. Au lieu de voir dans la réponse massive des travailleuses une occasion d'augmenter la pression sur l'État, la FIQ a érigé le mercredi noir en moyen de pression par excellence. Évidemment, la diminution du nombre de syndiquées en noir sera vue comme un signe de démobilisation et non de lucidité.

Les gains du mouvement syndical ont toujours été le fruit d'une mobilisation efficace des travailleuses et cette mobilisation doit constituer une priorité absolue. Néanmoins, comment un représentant syndical peut-il mobiliser ses membres lorsqu'il est parti faire du camping à l'assemblée, en balade avec la pétition ou en congrès? C'est au moment où leur avenir se joue et que leurs conditions continuent à se détériorer que les syndiquées se heurtent plus que jamais à des portes fermées.

NÉGOCIER SANS DÉRANGER

Il serait faux de prétendre que les représentants syndicaux et de la centrale sont restés inactifs pendant les négociations. C'est même tout le contraire! Cependant, on a pris bien soin de les restreindre et de les occuper dans des actions qui n'impliquaient aucune ou les plus minimes perturbations possibles, comme l'exige le partenariat avec l'état.

Le respect de la loi qui préoccupe tant la FIQ n'est pas un frein à des moyens de lutte concrets. En 1989, avant d'envisager un débrayage, les infirmières avaient tout simplement arrêté de faire des heures supplémentaires. Imaginez l'effet d'un tel moyen légal aujourd'hui.

La pire preuve de partenariat est cependant l'acceptation par la FIQ des offres minables de la table centrale. Notre syndicat souscrit à l'idée que le travailleur de l'État doit se sacrifier en temps de crise. C'est montrer une absence totale de critique face au système financier et accepter que ce ne sera jamais au tour des riches de se serrer la ceinture. Un syndicat qui fait siennes les priorités de l'état ne devient ni plus ni moins qu'une extension de l'état.

Les dernières années ont été extrêmement pauvres en gains pour le syndicalisme. Un examen critique est nécessaire, sans quoi c‘est la pertinence même des syndicats qui sera bientôt remise en cause. Rétablir le contact avec et entre les travailleurs et réfléchir à de nouvelles formes de pratiques syndicales, voilà le défi! Un vrai rapport de force ne peut résulter que d'une réelle volonté de la base, une base informée, politisée, mobilisée. Ça n'arrivera pas du jour au lendemain. Le travail qui nous attend est colossal, mais nécessaire et urgent.

lundi 20 septembre 2010

Nos conventions collectives se décident maintenant et il faut aller à nos assemblées se faire entendre.

La section locale 4713 du SCFP-FTQ rejette les offres

Les membres de la section locale 4713 du SCFP-FTQ, réunis en assemblée générale vendredi dernier, ont voté contre les offres du gouvernement. Une écrasante majorité de travailleurs sur place, dont la frustration était palpable tout au long de la réunion, ont décidé de ne pas suivre la recommandation de leur exécutif qui se montrait quant à lui « satisfait ».

La présentation Powerpoint du président – fort complète mais ô combien longue, ennuyante et défaitiste – n’aura finalement pas convaincu les travailleurs. Ceux-ci ne l’ont pas cru lorsqu'il prétendait avoir atteint ses objectifs du départ. Manifestement, ces « objectifs » n’étaient pas les leurs et ils le faisaient sentir.

Les membres ont rappelé aux représentants syndicaux les faits suivants : d’abord, l’offre sur la table ne protège pas leur pouvoir d’achat mais pire encore, elle ne résout en rien les nombreux problèmes endémiques du système de santé auxquels ils doivent pallier chaque jour. Un membre a témoigné que son salaire se rapprochait dangereusement du salaire minimum et qu’il se sentait abandonné par son syndicat. Beaucoup ont aussi souligné les problèmes spécifiques irrésolus de leur corps de métier qui pèsent très lourd sur eux (surmenage, non-reconnaissance, écarts de salaire, etc.). Quelques membres ont également rappeler l’austérité économique en vigueur et la nécessité objective de mener une lutte contre le gouvernement et ses politiques antisociales. L’idée d’arrimer les salaires à la situation économique est apparue de surcroît carrément scandaleuse aux yeux des syndiqués présents!

Les chefs syndicaux ont été dépassés par la situation car critiqués sur tous les fronts. Il faut dire qu’un membre a distribué le tract du comité de mobilisation de Verdun, appelant au refus des offres, avant que la réunion ne débute. La perspective critique et combative ainsi que le style lapidaire du tract ont contaminé toute l’assistance. Face à cette colère accumulée qui sortait d’un coup, le président a rappelé comment la game fonctionne; il a parlé du contexte défavorable, de la fausse solidarité syndicale et du maraudage, de la crise économique, etc. Il a rappelé avec raison qu’un refus de l’offre est synonyme de moyens de pression, car il ne croyait pas que ses membres soient vraiment prêts à faire la guerre. Le vote s’est conclu rapidement et on regrettera le manque de perspectives dû aux interventions finales quelque peu confuses.

Camarades, faites vite circuler la nouvelle, allez à vos assemblées et faites de même!

Écrit par un syndiqué à la FTQ

mercredi 8 septembre 2010

IL EST ENCORE TEMPS DE REFUSER


Les médias donnent l'impression que la majorité des syndicats du secteur de la santé ont conclu des ententes avec le gouvernement. C'est faux! Rien ne sera conclu tant que nous, travailleurs, n'auront pas accepté ces ententes. Nous avons encore le pouvoir de refuser les offres à condition d'aller nombreux à nos assemblées se positionner contre.

Il y a 5 ans, le décret du gouvernement nous a laissé un goût amer. Accepter les offres actuelles, c’est accepter de voir une fois de plus nos conditions de travail se dégrader. Se faire imposer un décret est révoltant. Mais voter oui à la dégradation de nos conditions est pire encore!

Les chefs du front commun ont beaucoup insisté sur leur volonté de parvenir à des ententes négociées. Par peur d'un autre décret, la majorité des représentants préfèrent donc accepter des miettes. D'autres osent dire ouvertement ce que tout le monde pense tout bas; ces offres sont inacceptables! Les centrales syndicales sont divisées et ne cherchent plus qu'à justifier leur lâcheté. On est loin du front commun de 72. Nous, travailleurs de la santé qui portons le système à bout de bras, n’avons pas à écoper parce que nos syndicats veulent demeurer copain copain avec le gouvernement!

En 2005, l'État a abusé de son double rôle de législateur et d'employeur pour bafouer notre droit à la négociation et nous imposer des conventions collectives. Maintenant que nous avons retrouvé le droit de négocier, ne l'utilisons pas pour nous aplatir devant notre employeur. La seule chose qui peut réanimer les syndicats, ce sont des membres prêts à s’engager dans une réelle lutte politique. Nous n’avons pas chialé pendant 5 ans pour ensuite nous taire lorsqu'est venu le moment d'agir.

L’objectif du gouvernement est de privatiser, petit à petit, le système de santé. C’est pour cette raison qu’il refuse d’interdire les agences, louange les PPP et tente de nous accoutumer au principe d'utilisateur-payeur. La santé est sur le point d'être vendue au plus offrant. Les pauvres n'auront qu'à attendre leur tour.

Nos conditions au travail sont intolérables. Alors soyons conséquents : votons contre les offres du gouvernement et rejoignons les 58 000 travailleurs dont la centrale syndicale a quitté la table de négos. C'est vrai, la lutte n'est ni facile ni sans risques. Les infirmières qui ont fait la grève en 99 en savent quelque chose. Les conséquences ont été lourdes, mais la grève a donné lieu à un mouvement de solidarité puissant entre les syndiqués, de même qu'avec la population. Ne nous laissons pas paralyser par le souvenir d'une défaite amère et qu'on se le dise : seul un mouvement de masse contre le gouvernement et ses politiques de droite peut l'ébranler.

lundi 14 juin 2010

Lettre adressée aux syndicats locaux FIQ et CSN du CSSS Sud-Ouest Verdun suite à leur opposition à la création d'un comité de travailleurs


Mise en contexte
Nous avons décidé de former un comité de mobilisation s'adressant à l'ensemble des travailleurs et travailleuses à l'intérieur de l'hôpital de Verdun. Notre action visait d'abord à créer un espace où discuter de nos conditions de travail. La politique de terrain, ou, en d'autres termes, l’organisation politique des travailleurs eux-mêmes dans leur milieu, rend possible une prise de conscience collective de nos conditions et des possibilités que nous avons de les modifier. Toutefois, nous avons été particulièrement déçus de l'attitude des représentants syndicaux locaux de la CSN et de la FIQ qui se sont opposés à notre initiative.

Le syndicalisme a permis des gains historiques aux travailleurs du Québec. Nous avons du respect pour les ouvriers et les syndicalistes qui ont mené une lutte acharnée afin qu'encore aujourd'hui le syndicat permette un rapport de force face à l'employeur. Nous nous permettons cependant de rappeler qu'avant de devenir des centrales, les syndicats sont nés de l'union locale de travailleurs spécialisés. Quelle ironie que nos représentants syndicaux s'opposent aujourd'hui à la création d'un comité de travailleurs !

L'État québécois veut privatiser la santé, mais pour y arriver il doit d'abord dégrader les conventions collectives de ses employés du secteur public, c'est-à-dire les nôtres. Dans ce contexte, les négociations de nos syndicats avec le gouvernement seront déterminantes pour nos conditions de travail et les services offerts aux patients. C’'est parce que nous craignons le pire que nous jugeons qu'il est impératif de s'organiser maintenant et avons eu l'idée de ce comité de mobilisation. Néanmoins, à la suite de l'opposition de nos représentants syndicaux, nous nous interrogeons maintenant sur la capacité de nos syndicats locaux à mener une lutte stratégique.

Le 13 mai, Ariane Bouchard, infirmière, rencontre Charles Boulanger, représentant syndical pour la FIQ au CSSS Sud-Ouest-Verdun. Elle lui explique les objectifs de la création du comité de mobilisation et l'informe de la volonté du comité de collaborer avec le syndicat, volonté aussi exprimée dans le tract d'invitation à la réunion. L'ordre du jour de la réunion est remis à M. Boulanger. Il est ensuite affiché sans aucune modification. Entre cette rencontre et la première réunion du comité le lundi 24 mai 2010, ni les représentants de la FIQ, ni ceux de la CSN ne nous contactent même si nos coordonnées sont à leur disposition.

Le 24 mai, la première réunion du comité de mobilisation s'est tenue dans la salle de repos au sous-sol. Quelques employés de l'entretien sont présents pour cette rencontre initiale. Lors de notre mobilisation et durant cette réunion, plusieurs travailleurs ont manifesté qu'une telle initiative répondait à un réel besoin et ont montré de l'enthousiasme à ce que «quelque chose» se passe enfin, peu importe qu’il soit amorcé par le syndicat ou par des collègues. Cependant, l'ambiance change lors de l'arrivée des représentants syndicaux. Nous tenons particulièrement à déplorer l'attitude d'intimidation manifestée par 3 représentants de la CSN, dont Guignard Elina et Denise Provost, qui ont refusé de s'asseoir même après que nous leur en avions explicitement fait la demande, en spécifiant que nous trouvions intimidant qu'ils soient debout alors que tous les travailleurs étaient assis. Ils ont de plus ignoré les tours de parole, interrompant les autres ou chuchotant entre eux pendant que d'autres parlaient. Peu importe leurs arguments contre ce comité de mobilisation, ce manque de respect n'a pas sa place dans un débat politique.

La réunion du 24 mai s'est résumée à une réponse aux critiques des représentants syndicaux sur notre ordre du jour qu'ils ont interprété comme une tentative d'imposer des moyens de pression. À ce sujet, ils ont affirmé que des employés revendicateurs qui agiraient selon une décision du comité de mobilisation ne pourraient pas bénéficier de leur protection syndicale. En fait, plusieurs points à l'ordre du jour, tel que celui sur le front commun, avaient comme but premier d'informer les gens, par exemple sur le déroulement des négociations et de favoriser la réflexion collective à ce sujet. Enfin, le syndicat affirme qu'en tant que seul représentant légal des employés, il est le seul à pouvoir initier une réflexion sur les conditions de travail.

Pour un retour à une démocratie participative
L'objectif du comité de mobilisation était purement l'inverse de l'imposition de moyens de pression. Nous voulions offrir un espace de dialogue entre travailleurs afin de débattre de propositions sur les façons de rendre notre travail moins pénible. Lors des dernières assemblées syndicales spéciales FIQ, les idées originales et les critiques des travailleurs n'ont eu aucun impact sur la formule déjà toute faite de moyens de pression que nous devions accepter ou refuser, mais visiblement pas modifier. Pourtant le pouvoir dans un syndicat appartient aux travailleurs et les assemblées locales se doivent d'être souveraines, c'est à dire que les syndiqués ont droit au dernier mot quant aux mesures qui seront prises dans leur milieu de travail.

25 mai -
L'administration n'avait pas réagi aux affiches du comité de mobilisation et ne s'était pas présentée à la réunion du 24 mai. Cependant, le 25 mai, le responsable des relations de travail des ressources humaines contacte Ariane Bouchard pour lui dire que les réunions entre employés à l'intérieur de l'hôpital sont illégales et que seul le syndicat peut représenter les employés auprès des patrons. Monsieur Poirier, des ressources humaines, tient à défendre la légitimité du syndicat et évoque même la loi sur le maraudage syndical. Il n'hésite pas à ajouter qu'en cas de réunion, la sécurité expulsera les travailleurs présents.

Force est de constater que les ressources humaines et nos syndicats locaux s'entendent sur les raisons de ne pas tolérer d'initiative politique de la part des travailleurs.

26 mai - La réunion est annulée. Les travailleurs sont avisés et les affiches retirées.

Mécontentement généralisé
Les représentants syndicaux eux-mêmes reconnaissent leur difficulté à intéresser les travailleurs aux activités syndicales et verbalisent une perte de contact avec leurs membres. Mais, les moyens sont-ils réellement pris pour remédier à la situation?

À la suite des discussions avec bon nombre de travailleurs, nous ne pouvons que faire le constat suivant : il existe une déception généralisée face au travail du syndicat, voire une perte totale de confiance dans certains cas. Les employés déplorent un manque de contact avec leurs représentants qui sortent rarement de leurs bureaux pour les rencontrer. C’est d’ailleurs ce que certains travailleurs ont exprimé à mainte reprise à leurs représentants lors de la réunion du 24 mai. Clairement, le travail de terrain n'est pas organisé aussi convenablement qu'il pourrait l'être. Nous sommes conscients que nos représentants syndicaux ont raison d’affirmer qu’attirer les gens aux assemblées syndicales et les intéresser à la politique est difficile, mais un premier pas à franchir est de rétablir l’espace du lieu de travail comme endroit où il est possible de parler de nos conditions, où l’information circule autrement que sur papier, où la réflexion peut se faire collectivement à tout moment et non pas exclusivement pendant les assemblées syndicales. À noter : lors de nos différentes tournées des unités, personne, même dans un contexte global de surcharge de travail, n’a refusé de discuter avec nous. Au contraire, plusieurs ont salué notre initiative et nous ont encouragé à continuer même sans l'appui du syndicat.

L'avenir
Notre objectif de base étant de repolitiser notre lieu de travail et d'encourager la réflexion critique et collective sur les enjeux de notre système de santé, nous entendons continuer dans cette voie, avec ou sans le syndicat, tant que des travailleurs seront en accord avec notre démarche.

Ariane Bouchard, infirmière et Ousmane Thiam, infirmier

Lettre remise aux syndicats locaux le 14 juin 2010

Suite des événements

Le 13 mai, un membre du comité de mobilisation avait rencontré le syndicat local de la FIQ pour lui expliquer les objectifs du comité et lui remettre l'ordre du jour de la première réunion qui a été affiché par la suite. Nous avons demandé la collaboration du syndicat,

Nous avons ensuite fait du travail de terrain en affichant notre ordre du jour et en distribuant notre appel à la mobilisation aux travailleurs de l'hôpital Verdun.

Le 24 mai, jour de la première réunion, les représentants syndicaux ont débarqué en force pour s'opposer à la création du comité de mobilisation, arguant que le syndicat est le seul représentant légal des employés. Ils nous accusaient aussi de vouloir imposer des moyens de pression, se prêtant ainsi à une interprétation libre de notre ordre du jour. La discussion entre travailleurs a été quasi impossible.

Le 25 mai, les ressources humaines ont contacté le comité de mobilisation pour leur dire que se réunir entre employés dans l'hôpital était illégal. Jusqu'à ce jour, donc une journée après la première réunion et une semaine après l'affichage de notre ordre du jour, l'administration n'avait pas réagi à la création du comité de mobilisation. Elle nous a servi exactement les mêmes arguments que le syndicat pour justifier cette interdiction, allant jusqu'à évoquer la loi sur le maraudage syndical.

mardi 8 juin 2010

Appel à un rassemblement de travailleurs à l'intérieur de l'hôpital de Verdun


Nos syndicats tentent présentement de négocier nos conventions collectives avec un gouvernement totalement insensible à notre réalité. Pire, le budget Bachand nous a montré que l’État veut s’attaquer à une des valeurs fondamentales de la société québécoise: l’universalité des soins de santé. Plus que jamais, la lutte est incontournable et sera de longue haleine.

Mais il ne faut pas oublier qu'à un niveau local, le combat pour maintenir des conditions de travail décentes se passe à chaque quart de travail. Pour nous, travailleurs de la santé, il s'agit d'une lutte quotidienne qui a des répercussions dans tous les domaines de notre vie.

Il y a quelques mois, à l’occasion d’une rencontre à l’hôpital, nous avons exprimé à la demande des gestionnaires les problèmes récurrents que nous vivons dans nos milieux de travail. Pour nous faire taire et justifier l’absence d’améliorations, on nous a encore servi l’excuse de la pénurie.

La pénurie a été provoquée par un mauvais choix politique, nous n’en sommes pas responsables et elle ne justifie pas tout!

Ce que nous proposons aujourd'hui est de se rassembler entre employés de l'hôpital et de prendre des moyens concrets et immédiats pour améliorer nos conditions de travail. Nous désirons aussi favoriser la discussion sur les enjeux des présentes négociations et les enjeux du système de santé. Les employés et représentants des différents syndicats sont invités à agir ensemble. La solidarité est notre plus grande force.

Quand: 24 mai 14h30 et 26 mai 16h30
Où: Salle de repos au sous-sol, près du S240 qui est la salubrité

Ordre du jour proposé:
0. Ordre du jour
1. Présentation et objectifs
2. Problèmes locaux hôpital de Verdun
2.1 Gestion du personnel et stabilité des équipes
2.2 Harcèlement psychologique de la part des gestionnaires
2.3 Autre (la parole est à vous)
3. Solutions, propositions, moyens de pression internes
4. Négociations du front commun et moyens de pression
5. Prochaine réunion
6. Varia

Venez en grand nombre!

vendredi 4 juin 2010

Tract distribué à l'hôpital de Verdun le 1er mai, à l'occasion de la fête des travailleurs


Le gouvernement ne cache plus son désir de rendre la santé lucrative. Le budget déposé en mars dernier attaque de front le principe d’universalité et de gratuité de notre système de santé, ce qui n’est que la suite logique de la tendance à la privatisation que le gouvernement québécois suit depuis plusieurs années.

Les offres patronales déposées le 5 avril dernier ne sont rien d’autre que la démonstration des positions politiques d’un gouvernement qui ne veut plus investir dans un système public, un système qui lui coûte trop cher selon lui. Toutefois, pour que le privé puisse poser un pied vainqueur sur notre système de santé, la dégradation de nos conditions de travail est d’abord nécessaire. Dans les négociations actuelles, le gouvernement n'offre aucune reconnaissance à compétence car il ne veut pas en payer le juste prix.

Travailler plus, se reposer moins et surtout ne pas être malade!

La population entière sait que les conditions actuelles des travailleurs de la santé sont insoutenables. Toutefois, le gouvernement, au lieu de tenter de régler la crise, s’emploie à faire reculer, point par point, notre convention collective, une convention qu’il nous avait d’ailleurs imposée par décret en 2005. Les négociations en cours ne font que démontrer à nouveau la mauvaise foi d’un gouvernement qui n’accorde absolument aucun intérêt à la réalité que nous vivons en milieu de travail et qui n’a aucune honte à sacrifier ses employés pour servir ses orientations politiques.

En effet, une vision globale des offres patronales indique clairement une diminution de la qualité de vie des employés du système de santé public. En réalité, l’employé de l’État ne devient ni plus ni moins qu’un prisonnier du système, puisqu’un horaire de travail normal sera de sept jours par semaine au lieu de cinq et de douze heures par jour au lieu de huit. De plus, l’employeur peut établir un étalement des heures sur une base trimestrielle plutôt qu'hebdomadaire, ce qui veut dire qu’un employé pourrait se trouver à travailler 20 heures la première semaine, 15 la seconde, 45 la troisième et ainsi de suite. La comptabilisation des heures sera effectuée au bout de trois mois et une compensation sera peut être offerte à l’employé s’il y a surplus d’heures. Les gestionnaires des établissements de santé peuvent aussi décider de payer les congés fériés au lieu de les accorder s’ils croient ne pas pouvoir remplacer le travailleur. Et tout ceci sans compter que le gouvernement désire aussi réduire les journées de maladie.

Alors que les situations d’épuisement, de détresse psychologique et de dépression sont plus que courantes chez les travailleurs de la santé, alors que les employés actuels du système de santé font énormément de temps supplémentaire et que ce dernier est parfois même obligatoire, alors que la surcharge de travail est criante dans le domaine de la santé, comment le gouvernement peut-il penser à couper dans notre droit au repos? Sachant également que la majorité des employés du système de santé sont des femmes et des mères de famille, comment le gouvernement peut-il songer à aménager des horaires de travail aussi inconstants et qui rendent la gestion d’un budget très difficile?

METTRE LA TABLE POUR LE PRIVÉ
Le gouvernement tente, avec ce réaménagement de la semaine de travail, d’abolir la notion de temps supplémentaire. Actuellement, notre système de santé survit en grande partie grâce au dévouement d’employés prêts à travailler seize heures par jour ou plus de cinq jours par semaine lorsque nécessaire. En supprimant les primes de TS, le gouvernement choisit de ne plus reconnaître l’engagement de ces personnes. Qui a envie de travailler 16 heures par jour pour rien? Tous et toutes au Québec s'aperçoivent que notre employeur utilise déjà à outrance les heures supplémentaires à nos dépens. L'’imposition de temps supplémentaire obligatoire provient d’une interprétation erronée et inacceptable de notre code de déontologie.

Il ne fait aucun doute que l’application de ces offres patronales, comme la disparition des primes de TS, vont augmenter la pénurie et précipiter bon nombre de travailleurs de la santé dans le secteur privé. À long terme, le gouvernement s’assure donc de mettre le système public assez à genoux pour justifier le passage à une gestion privée. Car si le gouvernement admet que le recours aux agences privées dans le domaine de la santé est un problème, il refuse toutefois de prendre la moindre mesure légale pour réduire leur utilisation. Pire, au lieu de tenter de rendre les conditions des travailleurs de la santé compétitives pour favoriser la rétention de personnel dans le public, il s’emploie à augmenter tous les problèmes déjà présents dans nos milieux de travail.

Le gouvernement libéral nous a montré clairement ses intentions: il veut réduire en miettes les acquis sociaux obtenus par la lutte de travailleurs et travailleuses au cours des quarante dernières années. Cette lutte n’est pas terminée. Elle est incontournable. Nous savons que rester passifs en ce moment, c’est accepter une dégradation continuelle de nos conditions de travail et la fin de l’universalité de notre système de santé. Pour ceux et celles qui se sont battus dans les dernières décennies pour un système de santé public et des conditions de travail tolérables, ainsi que pour les futures générations d'infirmières, il est de notre responsabilité de réagir.

Prenons les moyens nécessaires pour gagner : personne ne nous mènera quelque part sauf nous tous. Notre solidarité démontrera notre force. C’est mathématique, 50 000 personnes seront toujours plus fortes que quelques dirigeants.

La suite des événements dépend de nous et de notre capacité à riposter. Il est temps de s’organiser, localement et collectivement. Depuis le début des négociations, ce sont les actions locales qui ont eu le plus d’impact parce que le pouvoir le plus immédiat que nous avons est sur notre propre milieu de travail. C’est pourquoi nous vous invitons à vous rassembler ici, à l’intérieur de l’hôpital de Verdun, toutes catégories d’emploi confondues.

*L’emploi du masculin a été utilisé afin d’alléger le texte.