Qui êtes-vous ?

Le Comité mobilisation Verdun est composé de travailleurs critiques du secteur de la santé qui désirent s'impliquer politiquement. Nous croyons que seule une véritable solidarité peut freiner la dégradation de nos conditions. Notre comité s'adresse à tous -préposés, auxiliaires, infirmières, secrétaires médicales, inhalothérapeutes,technciens de laboratoire, ambulanciers, entretien ménager, etc- peu importe quel syndicat les représente. Notre objectif n'est pas de former un syndicat. Vous pouvez nous contacter à mobilisationverdun@gmail.com

lundi 14 juin 2010

Lettre adressée aux syndicats locaux FIQ et CSN du CSSS Sud-Ouest Verdun suite à leur opposition à la création d'un comité de travailleurs


Mise en contexte
Nous avons décidé de former un comité de mobilisation s'adressant à l'ensemble des travailleurs et travailleuses à l'intérieur de l'hôpital de Verdun. Notre action visait d'abord à créer un espace où discuter de nos conditions de travail. La politique de terrain, ou, en d'autres termes, l’organisation politique des travailleurs eux-mêmes dans leur milieu, rend possible une prise de conscience collective de nos conditions et des possibilités que nous avons de les modifier. Toutefois, nous avons été particulièrement déçus de l'attitude des représentants syndicaux locaux de la CSN et de la FIQ qui se sont opposés à notre initiative.

Le syndicalisme a permis des gains historiques aux travailleurs du Québec. Nous avons du respect pour les ouvriers et les syndicalistes qui ont mené une lutte acharnée afin qu'encore aujourd'hui le syndicat permette un rapport de force face à l'employeur. Nous nous permettons cependant de rappeler qu'avant de devenir des centrales, les syndicats sont nés de l'union locale de travailleurs spécialisés. Quelle ironie que nos représentants syndicaux s'opposent aujourd'hui à la création d'un comité de travailleurs !

L'État québécois veut privatiser la santé, mais pour y arriver il doit d'abord dégrader les conventions collectives de ses employés du secteur public, c'est-à-dire les nôtres. Dans ce contexte, les négociations de nos syndicats avec le gouvernement seront déterminantes pour nos conditions de travail et les services offerts aux patients. C’'est parce que nous craignons le pire que nous jugeons qu'il est impératif de s'organiser maintenant et avons eu l'idée de ce comité de mobilisation. Néanmoins, à la suite de l'opposition de nos représentants syndicaux, nous nous interrogeons maintenant sur la capacité de nos syndicats locaux à mener une lutte stratégique.

Le 13 mai, Ariane Bouchard, infirmière, rencontre Charles Boulanger, représentant syndical pour la FIQ au CSSS Sud-Ouest-Verdun. Elle lui explique les objectifs de la création du comité de mobilisation et l'informe de la volonté du comité de collaborer avec le syndicat, volonté aussi exprimée dans le tract d'invitation à la réunion. L'ordre du jour de la réunion est remis à M. Boulanger. Il est ensuite affiché sans aucune modification. Entre cette rencontre et la première réunion du comité le lundi 24 mai 2010, ni les représentants de la FIQ, ni ceux de la CSN ne nous contactent même si nos coordonnées sont à leur disposition.

Le 24 mai, la première réunion du comité de mobilisation s'est tenue dans la salle de repos au sous-sol. Quelques employés de l'entretien sont présents pour cette rencontre initiale. Lors de notre mobilisation et durant cette réunion, plusieurs travailleurs ont manifesté qu'une telle initiative répondait à un réel besoin et ont montré de l'enthousiasme à ce que «quelque chose» se passe enfin, peu importe qu’il soit amorcé par le syndicat ou par des collègues. Cependant, l'ambiance change lors de l'arrivée des représentants syndicaux. Nous tenons particulièrement à déplorer l'attitude d'intimidation manifestée par 3 représentants de la CSN, dont Guignard Elina et Denise Provost, qui ont refusé de s'asseoir même après que nous leur en avions explicitement fait la demande, en spécifiant que nous trouvions intimidant qu'ils soient debout alors que tous les travailleurs étaient assis. Ils ont de plus ignoré les tours de parole, interrompant les autres ou chuchotant entre eux pendant que d'autres parlaient. Peu importe leurs arguments contre ce comité de mobilisation, ce manque de respect n'a pas sa place dans un débat politique.

La réunion du 24 mai s'est résumée à une réponse aux critiques des représentants syndicaux sur notre ordre du jour qu'ils ont interprété comme une tentative d'imposer des moyens de pression. À ce sujet, ils ont affirmé que des employés revendicateurs qui agiraient selon une décision du comité de mobilisation ne pourraient pas bénéficier de leur protection syndicale. En fait, plusieurs points à l'ordre du jour, tel que celui sur le front commun, avaient comme but premier d'informer les gens, par exemple sur le déroulement des négociations et de favoriser la réflexion collective à ce sujet. Enfin, le syndicat affirme qu'en tant que seul représentant légal des employés, il est le seul à pouvoir initier une réflexion sur les conditions de travail.

Pour un retour à une démocratie participative
L'objectif du comité de mobilisation était purement l'inverse de l'imposition de moyens de pression. Nous voulions offrir un espace de dialogue entre travailleurs afin de débattre de propositions sur les façons de rendre notre travail moins pénible. Lors des dernières assemblées syndicales spéciales FIQ, les idées originales et les critiques des travailleurs n'ont eu aucun impact sur la formule déjà toute faite de moyens de pression que nous devions accepter ou refuser, mais visiblement pas modifier. Pourtant le pouvoir dans un syndicat appartient aux travailleurs et les assemblées locales se doivent d'être souveraines, c'est à dire que les syndiqués ont droit au dernier mot quant aux mesures qui seront prises dans leur milieu de travail.

25 mai -
L'administration n'avait pas réagi aux affiches du comité de mobilisation et ne s'était pas présentée à la réunion du 24 mai. Cependant, le 25 mai, le responsable des relations de travail des ressources humaines contacte Ariane Bouchard pour lui dire que les réunions entre employés à l'intérieur de l'hôpital sont illégales et que seul le syndicat peut représenter les employés auprès des patrons. Monsieur Poirier, des ressources humaines, tient à défendre la légitimité du syndicat et évoque même la loi sur le maraudage syndical. Il n'hésite pas à ajouter qu'en cas de réunion, la sécurité expulsera les travailleurs présents.

Force est de constater que les ressources humaines et nos syndicats locaux s'entendent sur les raisons de ne pas tolérer d'initiative politique de la part des travailleurs.

26 mai - La réunion est annulée. Les travailleurs sont avisés et les affiches retirées.

Mécontentement généralisé
Les représentants syndicaux eux-mêmes reconnaissent leur difficulté à intéresser les travailleurs aux activités syndicales et verbalisent une perte de contact avec leurs membres. Mais, les moyens sont-ils réellement pris pour remédier à la situation?

À la suite des discussions avec bon nombre de travailleurs, nous ne pouvons que faire le constat suivant : il existe une déception généralisée face au travail du syndicat, voire une perte totale de confiance dans certains cas. Les employés déplorent un manque de contact avec leurs représentants qui sortent rarement de leurs bureaux pour les rencontrer. C’est d’ailleurs ce que certains travailleurs ont exprimé à mainte reprise à leurs représentants lors de la réunion du 24 mai. Clairement, le travail de terrain n'est pas organisé aussi convenablement qu'il pourrait l'être. Nous sommes conscients que nos représentants syndicaux ont raison d’affirmer qu’attirer les gens aux assemblées syndicales et les intéresser à la politique est difficile, mais un premier pas à franchir est de rétablir l’espace du lieu de travail comme endroit où il est possible de parler de nos conditions, où l’information circule autrement que sur papier, où la réflexion peut se faire collectivement à tout moment et non pas exclusivement pendant les assemblées syndicales. À noter : lors de nos différentes tournées des unités, personne, même dans un contexte global de surcharge de travail, n’a refusé de discuter avec nous. Au contraire, plusieurs ont salué notre initiative et nous ont encouragé à continuer même sans l'appui du syndicat.

L'avenir
Notre objectif de base étant de repolitiser notre lieu de travail et d'encourager la réflexion critique et collective sur les enjeux de notre système de santé, nous entendons continuer dans cette voie, avec ou sans le syndicat, tant que des travailleurs seront en accord avec notre démarche.

Ariane Bouchard, infirmière et Ousmane Thiam, infirmier

Lettre remise aux syndicats locaux le 14 juin 2010

Suite des événements

Le 13 mai, un membre du comité de mobilisation avait rencontré le syndicat local de la FIQ pour lui expliquer les objectifs du comité et lui remettre l'ordre du jour de la première réunion qui a été affiché par la suite. Nous avons demandé la collaboration du syndicat,

Nous avons ensuite fait du travail de terrain en affichant notre ordre du jour et en distribuant notre appel à la mobilisation aux travailleurs de l'hôpital Verdun.

Le 24 mai, jour de la première réunion, les représentants syndicaux ont débarqué en force pour s'opposer à la création du comité de mobilisation, arguant que le syndicat est le seul représentant légal des employés. Ils nous accusaient aussi de vouloir imposer des moyens de pression, se prêtant ainsi à une interprétation libre de notre ordre du jour. La discussion entre travailleurs a été quasi impossible.

Le 25 mai, les ressources humaines ont contacté le comité de mobilisation pour leur dire que se réunir entre employés dans l'hôpital était illégal. Jusqu'à ce jour, donc une journée après la première réunion et une semaine après l'affichage de notre ordre du jour, l'administration n'avait pas réagi à la création du comité de mobilisation. Elle nous a servi exactement les mêmes arguments que le syndicat pour justifier cette interdiction, allant jusqu'à évoquer la loi sur le maraudage syndical.

mardi 8 juin 2010

Appel à un rassemblement de travailleurs à l'intérieur de l'hôpital de Verdun


Nos syndicats tentent présentement de négocier nos conventions collectives avec un gouvernement totalement insensible à notre réalité. Pire, le budget Bachand nous a montré que l’État veut s’attaquer à une des valeurs fondamentales de la société québécoise: l’universalité des soins de santé. Plus que jamais, la lutte est incontournable et sera de longue haleine.

Mais il ne faut pas oublier qu'à un niveau local, le combat pour maintenir des conditions de travail décentes se passe à chaque quart de travail. Pour nous, travailleurs de la santé, il s'agit d'une lutte quotidienne qui a des répercussions dans tous les domaines de notre vie.

Il y a quelques mois, à l’occasion d’une rencontre à l’hôpital, nous avons exprimé à la demande des gestionnaires les problèmes récurrents que nous vivons dans nos milieux de travail. Pour nous faire taire et justifier l’absence d’améliorations, on nous a encore servi l’excuse de la pénurie.

La pénurie a été provoquée par un mauvais choix politique, nous n’en sommes pas responsables et elle ne justifie pas tout!

Ce que nous proposons aujourd'hui est de se rassembler entre employés de l'hôpital et de prendre des moyens concrets et immédiats pour améliorer nos conditions de travail. Nous désirons aussi favoriser la discussion sur les enjeux des présentes négociations et les enjeux du système de santé. Les employés et représentants des différents syndicats sont invités à agir ensemble. La solidarité est notre plus grande force.

Quand: 24 mai 14h30 et 26 mai 16h30
Où: Salle de repos au sous-sol, près du S240 qui est la salubrité

Ordre du jour proposé:
0. Ordre du jour
1. Présentation et objectifs
2. Problèmes locaux hôpital de Verdun
2.1 Gestion du personnel et stabilité des équipes
2.2 Harcèlement psychologique de la part des gestionnaires
2.3 Autre (la parole est à vous)
3. Solutions, propositions, moyens de pression internes
4. Négociations du front commun et moyens de pression
5. Prochaine réunion
6. Varia

Venez en grand nombre!

vendredi 4 juin 2010

Tract distribué à l'hôpital de Verdun le 1er mai, à l'occasion de la fête des travailleurs


Le gouvernement ne cache plus son désir de rendre la santé lucrative. Le budget déposé en mars dernier attaque de front le principe d’universalité et de gratuité de notre système de santé, ce qui n’est que la suite logique de la tendance à la privatisation que le gouvernement québécois suit depuis plusieurs années.

Les offres patronales déposées le 5 avril dernier ne sont rien d’autre que la démonstration des positions politiques d’un gouvernement qui ne veut plus investir dans un système public, un système qui lui coûte trop cher selon lui. Toutefois, pour que le privé puisse poser un pied vainqueur sur notre système de santé, la dégradation de nos conditions de travail est d’abord nécessaire. Dans les négociations actuelles, le gouvernement n'offre aucune reconnaissance à compétence car il ne veut pas en payer le juste prix.

Travailler plus, se reposer moins et surtout ne pas être malade!

La population entière sait que les conditions actuelles des travailleurs de la santé sont insoutenables. Toutefois, le gouvernement, au lieu de tenter de régler la crise, s’emploie à faire reculer, point par point, notre convention collective, une convention qu’il nous avait d’ailleurs imposée par décret en 2005. Les négociations en cours ne font que démontrer à nouveau la mauvaise foi d’un gouvernement qui n’accorde absolument aucun intérêt à la réalité que nous vivons en milieu de travail et qui n’a aucune honte à sacrifier ses employés pour servir ses orientations politiques.

En effet, une vision globale des offres patronales indique clairement une diminution de la qualité de vie des employés du système de santé public. En réalité, l’employé de l’État ne devient ni plus ni moins qu’un prisonnier du système, puisqu’un horaire de travail normal sera de sept jours par semaine au lieu de cinq et de douze heures par jour au lieu de huit. De plus, l’employeur peut établir un étalement des heures sur une base trimestrielle plutôt qu'hebdomadaire, ce qui veut dire qu’un employé pourrait se trouver à travailler 20 heures la première semaine, 15 la seconde, 45 la troisième et ainsi de suite. La comptabilisation des heures sera effectuée au bout de trois mois et une compensation sera peut être offerte à l’employé s’il y a surplus d’heures. Les gestionnaires des établissements de santé peuvent aussi décider de payer les congés fériés au lieu de les accorder s’ils croient ne pas pouvoir remplacer le travailleur. Et tout ceci sans compter que le gouvernement désire aussi réduire les journées de maladie.

Alors que les situations d’épuisement, de détresse psychologique et de dépression sont plus que courantes chez les travailleurs de la santé, alors que les employés actuels du système de santé font énormément de temps supplémentaire et que ce dernier est parfois même obligatoire, alors que la surcharge de travail est criante dans le domaine de la santé, comment le gouvernement peut-il penser à couper dans notre droit au repos? Sachant également que la majorité des employés du système de santé sont des femmes et des mères de famille, comment le gouvernement peut-il songer à aménager des horaires de travail aussi inconstants et qui rendent la gestion d’un budget très difficile?

METTRE LA TABLE POUR LE PRIVÉ
Le gouvernement tente, avec ce réaménagement de la semaine de travail, d’abolir la notion de temps supplémentaire. Actuellement, notre système de santé survit en grande partie grâce au dévouement d’employés prêts à travailler seize heures par jour ou plus de cinq jours par semaine lorsque nécessaire. En supprimant les primes de TS, le gouvernement choisit de ne plus reconnaître l’engagement de ces personnes. Qui a envie de travailler 16 heures par jour pour rien? Tous et toutes au Québec s'aperçoivent que notre employeur utilise déjà à outrance les heures supplémentaires à nos dépens. L'’imposition de temps supplémentaire obligatoire provient d’une interprétation erronée et inacceptable de notre code de déontologie.

Il ne fait aucun doute que l’application de ces offres patronales, comme la disparition des primes de TS, vont augmenter la pénurie et précipiter bon nombre de travailleurs de la santé dans le secteur privé. À long terme, le gouvernement s’assure donc de mettre le système public assez à genoux pour justifier le passage à une gestion privée. Car si le gouvernement admet que le recours aux agences privées dans le domaine de la santé est un problème, il refuse toutefois de prendre la moindre mesure légale pour réduire leur utilisation. Pire, au lieu de tenter de rendre les conditions des travailleurs de la santé compétitives pour favoriser la rétention de personnel dans le public, il s’emploie à augmenter tous les problèmes déjà présents dans nos milieux de travail.

Le gouvernement libéral nous a montré clairement ses intentions: il veut réduire en miettes les acquis sociaux obtenus par la lutte de travailleurs et travailleuses au cours des quarante dernières années. Cette lutte n’est pas terminée. Elle est incontournable. Nous savons que rester passifs en ce moment, c’est accepter une dégradation continuelle de nos conditions de travail et la fin de l’universalité de notre système de santé. Pour ceux et celles qui se sont battus dans les dernières décennies pour un système de santé public et des conditions de travail tolérables, ainsi que pour les futures générations d'infirmières, il est de notre responsabilité de réagir.

Prenons les moyens nécessaires pour gagner : personne ne nous mènera quelque part sauf nous tous. Notre solidarité démontrera notre force. C’est mathématique, 50 000 personnes seront toujours plus fortes que quelques dirigeants.

La suite des événements dépend de nous et de notre capacité à riposter. Il est temps de s’organiser, localement et collectivement. Depuis le début des négociations, ce sont les actions locales qui ont eu le plus d’impact parce que le pouvoir le plus immédiat que nous avons est sur notre propre milieu de travail. C’est pourquoi nous vous invitons à vous rassembler ici, à l’intérieur de l’hôpital de Verdun, toutes catégories d’emploi confondues.

*L’emploi du masculin a été utilisé afin d’alléger le texte.